Au bout de la mer



Ça fait longtemps que je n’ai pas écrit. Trop de choses à écrire certainement. Trop de vagues à affronter, plus trop le temps de voir ce qui se passe sur la plage… Ces deux dernières années c’était maintenir le cap et que le bateau ne prenne pas trop l’eau.

Et d’un coup d’un seul bim je ne vais pas tarder à avoir 39 ans. Bon c’est la vie et je m’en fou de vieillir en vrai, j’ai toujours pensé que j’étais une éternelle enfant. Grâce à mes nièces et à ma belle-fille j’ai eu la chance de re-vivre à plusieurs moments mes 8, mes 12, mes 14 ans.

Ce soir ma nièce Zoé se souvenait qu’on avait piqueniqué sur un pont de sa ville natale quand elle était petite « c’était fou quand même, on mangeait sur le pont tatie !». Ouais, on mangeait sur le pont car c’était l’Aventure, on mangeait sur le pont pour mieux voir l’eau, car on en avait envie, on se foutait de tout, on sortait avec la trottinette, on filmait, un rayon de soleil et on était contente. C’était beau de les embarquer dans mes délires, elles me suivaient, elles poursuivaient, je les suivais, la fusée, le Club…

Maintenant elles sont grandes, elles étudient. Parfois j’aimerais qu’elles me disent « viens tatie on va manger sur le pont » mais il n’y a pas de pont ici et pour l’instant elles sont trop occupées à essayer de grandir alors je fais comme elles, j’étudie.

Apprendre des trucs, enfant de l’univers, c’est la vie ! On connait si peu de choses… apprendre c’est puissant, ça vient faire tomber les certitudes, ça nettoie la tête, ça réchauffe le cœur.

Enfin, on a beau savoir plus de choses, on a beau ne plus manger sur les ponts, être adulte c’est finalement autant d’hésitations et de peurs que l’enfance. Juste qu’on a l’air un peu plus assuré qu’avant mais au fond…on trace des chemins qui suivent nos envies mais on ne contrôle jamais rien. Un jour dans ton salon, les mots « retraite », « PMA » et « hémorroïdes » sont balancés et c’est foutu…la jeunesse nous a roulé dessus, on ne sait même pas ce qui s’est passé. C’est comme ça.

Récemment mon frère m’a parlé de la chanson « Ma jeunesse s’enfuit » de Yves Simon, il était dans un aéroport il kiffait mais moi j’ai trouvé ça très déprimant.
« Ma jeunesse s’enfuit,
Et la vie aussi.
Tout au bout de la mer,
L’autoroute s’est fermée ».


Pourtant Yves Simon je l’aime bien, j’ai vibré petite avec la jeune Anne dans « Diabolo menthe », on avait le film en VHS.
Mais penser qu’au bout de la mer, l’autoroute s’est fermée … DUR !!
J’ai pas envie Yves.
Au bout de la mer on se noie car on est épuisé, au bout de la mer, une autre île, au bout de la mer, la mer… mais l’autoroute fermée ? Quelle violence Yves !

Du coup on fait quoi ? on n’est plus jeune alors la vie n’est plus ?

Certes cette jeunesse on voudrait parfois la garder, la troquer, l’épouser. A la maison quand ma belle-fille me met le refrain « un jour j’irai à Tahiti c’est là que je vivrais ma meilleure vie » du grand Keen V, moi je suis totalement d’accord avec cette conception… je chante à fond avec elle, c’est vrai, ça doit être sympa Tahiti ! Mais bon la jeunesse c’est une énergie. Il y a plein de jeunes beaucoup plus chiants que des soixantenaires… de là à pleurer Keen V, no way ! Je ne trouve pas que la fin de la jeunesse se soit la fin de tout.

Pas du tout.

On croit que c’est la fin alors que c’est juste d’autres débuts.

Et un jour moi j’irai manger sur un pont c’est là que je vivrai ma meilleure vie…en attendant j’ai de quoi manger dans mon frigo alors je reste au chaud.

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